(source : lien) | Le lieu de recherche est l’IREM&S de Poitiers, et le groupe « Collège&Primaire« |
Les mathématiques ont pour objet de mesurer, ou plutôt de comparer les grandeurs ; par exemple les distances, les surfaces, les vitesses, etc. (Bossut, 1784) L’oubli de la notion de grandeur ferme les mathématiques sur elles-mêmes. En sens inverse, l’exploration de l’univers des grandeurs constitue le point de départ de l’exploration mathématique de la diversité du monde. L’introduction mathématique au monde qui nous entoure suppose donc prise de contact et familiarisation avec l’univers des grandeurs. (Chevallard, Bosch, 2002) |
Pourquoi ?
L’introduction du rapport préconisant 21 mesures pour l’enseignement des mathématiques remis par Charles Torossian et Cédric Villani met en évidence un contexte actuel préoccupant : les résultats des élèves sont faibles (Pisa, Timss, Cèdre), des enseignants sont en souffrance, l’image des mathématiques est mauvaise, les concours de recrutement n’attirent guère. Des élèves et des professeurs démotivés, que faire ?
Notre constat depuis de nombreuses années est que les savoirs, techniques et compétences mathématiques sont souvent présentés et travaillés de façon décontextualisée, sans liens entre eux ni avec la vie quotidienne, sans justification, et dans un contexte très « artificiel ». Les grandeurs sont à la fois l’origine et le lieu de vie des notions élémentaires de mathématiques. Par leur étude, nous montrons que ces notions sont les réponses à des questions que se sont posées ou que se posent les hommes que nous donnerons un liant, une logique et donc du sens aux mathématiques enseignées tant pour le professeur que pour les élèves.
Il s’agit donc de rendre notre enseignement motivé et motivant. Notre travail s’inscrit ainsi dans un projet global de restructuration des contenus des programmes de mathématiques de l’école et du collège autour des grandeurs et de la vie des hommes.
Comment ?
L’organisation
Pour les classes de cycles 3 et 4, nous proposons d’organiser le travail de l’année autour de l’étude des grandeurs suivantes : populations, angles, durées, aires, prix, volumes, longueurs, masses, chances, températures. Ces grandeurs, qui sont des domaines transversaux aux thèmes du programme, et donc aux différents domaines des mathématiques, constituent nos chapitres.
Nous avons structuré l’étude de chaque grandeur autour de quelques grandes questions mathématiques : Comment définir ? Comment dénombrer ? Comment comparer ? Comment partager ? Comment mesurer ? Comment calculer ? Qui en entraînent d’autres : comment multiplier, diviser, construire… ?. Dans chaque nouveau chapitre, l’élève rencontre les mêmes grandes questions mathématiques, retrouve ou enrichit les outils et méthodes qu’il a déjà vus. Les notions et savoir-faire du programme deviennent des outils de réponse à ces questions : le savoir qui se construit sert à quelque chose, il devient fonctionnel. La notion qui était vue comme objet d’étude passe au statut d’outil que l’élève s’est approprié.
Les compétences, les situations et le prescrit
Pour mettre en œuvre l’ensemble des compétences du programme et leur donner du sens dans la classe, nous élaborons pour chaque grandeur une banque de situations structurée autour des grandes questions et dont le contenu est ancré dans la vie des hommes, présente mais aussi passée. Ces situations permettent de travailler à la fois des compétences générales et des compétences mathématiques : lire un texte, une image, un document, comprendre une démarche, commenter et critiquer, modéliser, chercher, raisonner, représenter, calculer, construire…, et de le faire dans des contextes variés. À partir de cette banque, chacun peut personnaliser le parcours du chapitre qu’il va proposer à ses élèves et peut différencier les apprentissages des élèves.
Cet enseignement, à partir des situations, place le questionnement au centre des apprentissages : on se demande comment faire pour comparer des prix, des angles, pour diviser des durées, des aires, pour reproduire un angle… Il s’inscrit totalement dans la démarche de résolution de problèmes qui fait l’essence des mathématiques et que le programme prône.
Les automatismes
Ainsi, la confrontation aux situations issues de la vie courante permet de manipuler les concepts en calcul mental ou réfléchi, les procédures et stratégies de résolution des questions des cycles 3 ou 4 de manière ritualisée et quotidienne. La multiplication des contextes pour un même savoir faire, que permet cet enseignement, renforce la conceptualisation et l’appropriation des notions et techniques.
La manipulation, l’expérimentation
Enfin, nous relions l’étude de chaque grandeur à la manipulation d’outils et d’instruments, actuels ou anciens, fournis ou créés. La manipulation, l’expérimentation physique qui fait vivre une question, une réponse, un travail, une grandeur est pour nous un levier fort pour acquérir les notions et savoir-faire du programme.
La mise en oeuvre dans les classes
Les brochures produites fournissent les éléments pour mettre en œuvre cette démarche : répartition des contenus des programmes de cycle 3 et cycle 4 sur les différentes grandeurs, exemples de progressions, mise en évidence du caractère spiralé de ces progressions, choix des questions et des situations étudiées, exemples de cours, banque de situations, fiches de séances, activités mentales, évaluations. Tout le matériau en lien avec chaque brochure est disponible en ligne sur un espace dédié.